Article paru dans le Figaro | 24/07/2014 | Par Danièle Guinot
Au premier semestre, les plateformes de crowdfunding ont collecté 66 millions d’euros, soit deux fois plus qu’il y a un an. Un million de particuliers ont déjà fait un don, financé un prêt à un particulier ou une PME, ou bien encore investi dans une start-up.
La finance participative ou crowdfunding continue de gagner rapidement du terrain en France. Au premier semestre, les plateformes qui utilisent Internet pour mettre en relation des porteurs de projets et des particuliers ont collecté 66,4 millions d’euros, soit deux fois plus qu’un an plus tôt (33 millions d’euros au premier semestre 2013). a indiqué jeudi l’association Financement participatif France, qui fédère les acteurs du crowdfunding. «En dehors du Royaume-Uni, la France est certainement le premier pays d’Europe pour le crowdfunding», souligne Nicolas Lesur, président de l’association, précisant que la dynamique de croissance s’observait dans tous les pays.
Il existe trois grandes familles de crowdfunding: les plateformes de dons, de prêts aux particuliers ou aux PME et les plateformes d’investissement dans des start-up. Comme c’était déjà le cas l’an dernier, les Français ont surtout financé des prêts, le plus souvent avec intérêts. Les plateformes dédiées (il en existe six) ont collecté 37,4 millions d’euros. Prêt d’Union, qui bénéficie d’un agrément bancaire et octroie des crédits à la consommation (entre 3000 et 30.000 euros pendant 2 et 5 ans), est de loin le plus grand collecteur d’argent (il a collecté 33 millions d’euros au premier semestre). La société qui revendique avoir déjà financé 10.000 ménages, rémunère les prêteurs entre 4% et 5% par an. Plus risqués, les prêts aux PME rapportent 9% environ (un pourcentage qui n’est pas garanti).
Les sites de dons (15 sites avec récompense et 4 sans) ont eux collecté 19,2 millions d’euros au premier semestre et les plateformes de capital investissement (prise de participation dans une entreprise) qui financent le plus souvent l’amorçage des start-up 9,8 millions, contre seulement 3,5 millions il y a un an.
44.000 projets déjà mis en ligne
Depuis son introduction en France en 2008, ce mode de financement «par la foule» a convaincu un million de contributeurs, dont les trois quart ont moins de 50 ans, via les 37 plateformes dans le pays, un cap franchi cette année. «En franchissant le cap du million de contributeurs, la finance participative marque sa capacité à se démocratiser et à devenir une source de financement crédible et pérenne de l’économie française», se félicite Nicolas Lesur.
44.000 projets ont déjà été mis en ligne sur l’ensemble des plateformes françaises, dont un quart d’entre eux sur le seul premier semestre de cette année. Les sites de dons ont soutenu majoritairement des projets culturels et solidaires. Ceux-ci ont récolté en moyenne entre 2400 et 3400 euros, selon que la plateforme offre ou non une contrepartie, pour des dons moyens entre 60 et 50 euros.
Les plateformes de prêts (hors Prêt d’Union) ont principalement contribué au financement d’entreprises. Le montant moyen des prêts non rémunérés accordés s’élevait à 650 euros, et à 9900 euros lorsque celui-ci était rémunéré. Les particuliers ont prêté en moyenne 88 euros (prêt non rémunéré), mais 6500 euros lorsque le prêt était rémunéré. Enfin, les sites de capital investissement ont été très actifs dans les domaines de la santé et l’environnement et des technologies.
Des décrets clarifiant le statut et le champ d’action de la finance participative sont attendus fin juillet pour une entrée en vigueur au 1er octobre. Pour les acteurs du secteur, cette réforme devrait permettre d’attirer encore davantage de contributeurs, même si «ce n’est qu’une première étape qui a vocation à être révisée assez vite», explique Nicolas Lesur.