Article paru dans la Tribune | 24/07/2014 | Par Christine Lejoux
Le crowdfunding a décroché le million. Depuis 2008, date de ses débuts en France, ce nouveau moyen de financement – qui met en relation quasi-directe, via des plateformes Internet, des porteurs de projets en quête d’argent frais avec des particuliers désireux d’investir, de prêter ou de donner une partie de leurs économies – totalise un peu plus d’un million de contributeurs, selon le baromètre publié jeudi 24 juillet par l’association Financement Participatif France. Ces aficionados du « financement par la foule », qui sont-ils ? Les trois quarts d’entre eux sont âgés de moins de 50 ans. Logique, le crowdfunding, né aux Etats-Unis, s’étant développé grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Ceux qui donnent, sur des plateformes comme MyMajorCompany, offrent des oboles de 52 à 61 euros en moyenne ; ceux qui préfèrent investir, sur SmartAngels, par exemple, misent en moyenne 2.036 euros ; et les contributeurs optant pour le prêt, via des plateformes comme Prêt d’Union, consentent des crédits d’un montant moyen de 6.581 euros ou de… 88 euros, suivant que le prêt est rémunéré (entre 4,5% et 9%, en moyenne) ou non. « En franchissant le cap du million de contributeurs, la finance participative marque sa capacité à devenir une source de financement crédible et pérenne de l’économie française », estime Nicolas Lesur, président de Financement Participatif France. Certes, les fonds collectés via la quarantaine de plateformes de crowdfunding françaises ne pèsent encore que 66,4 millions d’euros, d’après le baromètre publié par Financement Participatif France, au titre du premier semestre. Mais ce montant représente un doublement par rapport aux six premiers mois de 2013. Un rythme « qui ne va pas s’arrêter », pronostique Nicolas Lesur. De fait, la réglementation du crowdfunding – dont les décrets d’application devraient être publiés d’ici à la fin juillet pour une entrée en vigueur le 1er octobre – a justement pour but de favoriser l’essor de cette nouvelle technique de financement, jusqu’alors soumise aux régulations bancaire et boursière classiques, particulièrement lourdes. Pour mémoire, la réglementation du crowdfunding permettra notamment aux start-up de lever jusqu’à 1 million d’euros via les plateformes spécialisées dans l’investissement en capital, et ce sans avoir à publier l’imposant prospectus d’informations habituellement exigé par l’Autorité des marchés financiers pour tout appel public à l’épargne supérieur à 100.000 euros. Un million d’euros, c’est également la somme que les entreprises et les particuliers pourront emprunter par l’intermédiaire des plateformes axées sur le prêt. Ces dernières représentent l’essentiel du marché français du crowdfunding, avec 37,4 millions d’euros collectés au premier semestre. Au cours de cette même période, Prêt d’Union « a déjà octroyé un crédit à 4.150 Français », pour un montant total de 33 millions d’euros, afin de financer des travaux de rénovation de l’habitat ou encore l’achat d’une voiture, se félicite d’ailleurs le principal acteur du prêt entre particuliers en France, dans un communiqué publié le 24 juillet. Et si les plateformes spécialisées dans l’investissement en capital arrivent bonnes dernières, avec 9,8 millions d’euros collectés au premier semestre, contre 19,2 millions pour les plateformes de dons, « près de 10 millions, c’est déjà une petite révolution pour le financement de l’amorçage des start-up, en France », estime cependant François Carbone, co-fondateur de la plateforme de « crowdequity » Anaxago. « En créant un cadre précis et sécurisé, la réglementation apportera de la crédibilité à notre métier. Nous devrions moins entendre la question « Ce que vous faites est-il bien légal ? » », sourit Stéphanie Savel, présidente de Wiseed, une autre plateforme « d’equitycrowdfunding. »Les fonds collectés grâce au crowdfunding ont doublé en un an
Un secteur dominé par les plateformes de prêts