Article paru dans Les Echos | 30/06/2014 | Par René Nicol
Ce nouveau mode de financement permet non seulement de rediriger une partie de l’épargne financière vers l’économie réelle, mais aussi de réconcilier les particuliers avec le monde de l’entreprise.
La France vient de publier une ordonnance encadrant le financement participatif (« crowdfunding »), rejoignant les rares pays, pour l’instant les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Italie, ayant donné un cadre réglementaire à ce mode de financement innovant. Si les montants restent encore limités (78 millions d’euros levés en 2013 en France, dont 10 sous forme d’actions), un cap est franchi pour cette activité en croissance rapide qui acquiert ainsi la légitimité lui permettant de figurer de façon crédible dans le panel de moyens de financement offerts aux entreprises.
L’ordonnance a créé deux types d’intermédiaires, l’un pour la souscription d’actions et l’autre pour les opérations de prêts. Leur rôle sera de sécuriser les investisseurs en prenant la responsabilité de la sélection des dossiers, en les informant sur les risques élevés liés à ce type d’investissement et en leur proposant des outils d’aide à la décision. Le texte, qui semble satisfaire les différents intervenants, allège les formalités d’appel à l’épargne, dans la limite d’un montant adapté à des dossiers qui échappent aux circuits de financement classiques. Le chiffre évoqué de 1 million d’euros par dossier sera prochainement fixé par décret.
Le financement participatif doit être encouragé. Il permet non seulement de rediriger une partie de l’épargne financière vers l’économie réelle, mais aussi de réconcilier les particuliers avec le monde de l’entreprise. La proximité entre les parties prenantes étant un gage de réussite, les banques, qui ont connaissance dans leurs réseaux d’une multitude de besoins de financement, pourraient contribuer à l’animation de ce marché. Il appartient désormais à l’Union européenne de jouer un rôle majeur dans la coordination des initiatives de financement participatif. La France devra y prendre une part active pour entraîner l’ensemble de ses partenaires.