Article paru dans 01Business | 24/07/2014 | Par Marie Jung
Les plateformes de crowdfunding ont collecté plus de 66 millions d’euros au premier semestre, soit le double d’il y a un an. Celles spécialisées en investissement en capital ont atteint presque 10 millions d’euros.
Le crowdfunding se porte bien et affiche une belle croissance. Durant les six premiers mois de l’année, quasiment 11 000 projets ont été financés par ce biais, soit un quart de l’ensemble des projets accompagnés depuis le début, selon le baromètre de l’association FPF (Financement participatif France). Au total, un million de Français auraient déjà succombé à la tentation du crowdfunding « grâce à internet et à la viralité que cette finance là contient en elle-même » a précisé Nicolas Lesur, président de l’association FPF (Financement participatif France) et fondateur d’Unilend, invité de BFM Business vendredi 25 juillet (voir vidéo en fin d’article). Et, les fonds collectés en France ont doublé sur un an pour atteindre 66,4 millions d’euros au premier semestre 2014, selon le baromètre réalisé par Compinnov en agrégeant les données de 37 acteurs.
Presque 10 millions d’euros ont transité sur les plateformes d’equity
Ceci dit, les montants varient énormément selon les trois profils de plateformes. Celles orientées investissement en capital (aussi appelé « equity »), comme Anaxago ou WiSeed, ont récolté 9,8 millions d’euros. Si elles aident des entreprises matures, elles financent surtout des startups en amorçage ou postamorçage (97 % des projets sont portés par des sociétés).
« C’est une petite révolution dans le financement de l’amorçage en France. Au début du crowdfunding, les business angels, spécialistes de ce type de financement depuis plus longtemps, pesaient 40 millions d’euros », se félicite François Carbone, fondateur d’Anaxago. Comparés aux business Angels, les montants investis par les individus sont plus faibles. « Les contributeurs sur une plateforme peuvent n’investir que 200 euros. Et ils investissent en moyenne 2000 euros ce qui n’est pas négligeable pour un individu » illustre Stéphanie Savel, PDG de Wiseed.
Typologie des porteurs de projet selon les plateformes:
A noter, les 9,8 millions d’euros ne correspondent qu’aux sommes qui transitent sur la plateforme, alors que les projets sont souvent réalisés en co-investissement avec d’autres acteurs. Au total, les projets ont récupéré 30 % à 40 % d’argent en plus que celui investi dans la plateforme. Sur Anaxago, certaines entreprises accueillent comme co-investisseur le fonds d’investissement de la région Ile-de-France qui double la somme mise par les particuliers dans les projets.
Loin devant, les acteurs du don, comme MyMajorCompany, Ulule ou KissKissBankBank, ont at-teint 19,2 millions d’euros. Et, les plateformes de prêt ont collecté 37,4 millions d’euros, mais un seul acteur, Prêt d’Union, monopolise à lui seul 33 millions d’euros, avec des prêts non affectés, qui ne sont pas liés à un projet particulier.
Evolution des fonds collectés par les plateformes de crowdfunding en France :
« En dehors du Royaume-Uni, la France est certainement le premier pays d’Europe pour le crowdfunding », commentait Nicolas Lesur, lors de la conférence de présentation des chiffres. « Les Anglais sont plus forts sur le prêt, mais pour le reste nous sommes comparables ». Ceci dit, l’Europe reste loin derrière les Etats-Unis. Et comparé aux chiffres de la finance mondiale, le crowdfunding reste négligeable. « On est un secteur embryonnaire. Néammoins, la dynamique est gigantesque. Nous sommes au même niveau que le ecommerce à ses débuts » expliquait Nicolas Lesur sur l’antenne de BFM Business.
Une réglementation applicable au premier octobre
Le gouvernement est en train de finaliser une réglementation pour encadrer le secteur. Les décrets devraient être publiés d’ici fin juillet pour une application au premier octobre prochain. Ils précisent notamment les montants maximums par projet et par contributeur qui seront légalement autorisés. Le nombre d’acteurs pourrait donc continuer à augmenter. L’association FPF (Financement participatif France) reçoit d’ailleurs de nombreux dossiers de nouveaux acteurs. Mais le secteur est déjà bien encombré et il n’y aura pas de place pour tout le monde. « Les plateformes du Crowdfunding ont besoin de beaucoup de volume pour être profitables. Il faut être gros pour survivre » commente Nicolas Lesur. Il y a un fort enjeu pour les plateformes françaises à s’internationaliser.
Répartition des projets par secteur d’activité :