Thomas Pontiroli – 7 avril 2015

 

Banque Populaire, BPCE, Groupama Banque, Crédit Mutuel… de plus en plus de banques se lancent dans le crowdfunding. C’est une façon pour elles de soutenir l’innovation, mais en isolant le risque.

Les banques traditionnelles reprennent goût au risque. Il était acquis que les start-up n’obtiendraient pas grand-chose des institutions traditionnelles, peu enclines à les suivre dans leur aventure possiblement sans lendemain. En 2014, même les business angels se sont mis à bouder les jeunes pousses, qui se sont tournées vers le financement participatif… Justement, ce mode de financement semble attirer les vieilles banques.

Dans quelques jours, la Banque Populaire Atlantique lancera sa propre plateforme de crowdfunding . Nom : Proximea. De dimension locale, elle s’adressera exclusivement aux entrepreneurs situés en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Vendée, Morbihan et Finistère. Ce projet pilote a pour ambition de démarrer doucement et de soutenir, d’ici la fin de l’année, trois projets, à hauteur de 1,5 million d’euros – à partir de 150 000 euros.

« Nous souhaitons participer à la montée en puissance de projets prometteurs dans des domaines variés comme par exemple ceux du transport, de l’énergie, de la santé, de l’immobilier et même du vin, comme avec 10-Vins (dégustation à domicile) lancée en 2013 », explique Ulric Le Grand, responsable de Proximea.

Le circuit traditionnel n’était pas adapté

Pour Olivier de Marignan, directeur de la Banque Populaire Atlantique, cet outil de crowdfunding est une bonne réponse au financement des jeunes entreprises innovantes. Selon lui, « le circuit bancaire traditionnel n’est pas forcément taillé pour appréhender les opportunités de marchés émergents, parfois atypiques, ou autorisé à prendre des risques quand les perspectives de réussite reposent sur trop d’inconnues ».

Et la Banque Populaire n’est pas la seule. En janvier, Groupama Banque annonçait sa volonté de prêter jusqu’à 100 millions d’euros aux start-up françaises, via un partenariat avec la plateforme Unilend – c’est une plateforme de prêt aux entreprises de la part de particuliers. Pour Bernard Pouy, le directeur de Groupama Banque, il s’agit de « soutenir de manière innovante la croissance des PME et TPE de la France entière ».

Le rôle d’Unilend (qui a déjà financé 115 sociétés depuis novembre 2013) sera de mettre en relation les porteurs de projets avec la banque, comme avec n’importe quel particulier. Avec cette initiative, Groupama Banque espère toucher une clientèle qui lui était inconnue jusqu’à présent. Pour autant, la banque souhaite plafonner sa participation à 20 % du prêt, afin de ne pas dénaturer la mécanique du financement participatif.

Plusieurs formes de crowdfunding

De la même façon, le Crédit Coopératif (BPCE) a décidé en février dernier de se rapprocher de la plateforme toulousaine Wiseed. Visant par exemple le secteur du commerce, de la santé ou encore du numérique, la banque coopérative va ainsi proposer à ses partenaires et réseaux d’entreprises d’accéder à deux types de financements : les fonds propres apportés par Wiseed et ses propres financements bancaires classiques.

En 2013, le Crédit Mutuel s’invitait quant à lui au capital d’une plateforme de financement d’un autre genre, Prêt d’Union, dans le cadre d’une levée de fonds de 10 millions d’euros. Ici, il s’agit de prêter de l’argent pour des crédits à la consommation en promettant aux prêteurs (épargnants) un rendement jusqu’à 6,5 %. Citons encore la Banque Postale, qui soutient 50 % de l’objectif de collecte d’une start-up sur KissKissBankBank.

En 2015, les sommes investies en financement participatif devraient encore doubler de taille, selon les estimations de l’association Financement participatif France. Le principal moteur de ce modèle est le soutien aux entreprises, qu’il s’agisse de prêt ou de l’investissement en capital. Une manne qui attire les banques.